Le triptyque de la fenêtre 12* est une synthèse saisissante reliant les origines à l'ère nouvelle.
Le premier volet (lire de haut en bas et de gauche à droite en terminant par le centre) condense à l'extrême la création du monde (Gn 1). A l'exception des oiseaux et des reptiles, rien n'est omis. Et l'artiste n'oublie pas que son oeuvre est destinée aux cultivateurs et aux vignerons du village. C'est pourquoi il fait figurer dans les lobes : chiens, lapins, dindons et chevaux. La biche, le blaireau et le loup s'y trouvent aussi.
Au sixième jour Dieu dit : " Faisons l'homme à notre image, selon notre ressemblance... " (1er panneau). Adam reçoit alors la vie au pied d'un arbre aux fruits vermeils.
Le deuxième acte évoque les conséquences de la chute originelle. Dieu interroge Adam, le tentateur et la femme (2ème panneau). Ce dialogue (Gn 3, 8 - 16) conduit au châtiment (3ème panneau) et au renvoi du jardin d'Eden (Gn 3, 17- 24). La porte du Paradis est matérialisée par une architecture Renaissance que cache en partie le chérubin et la flamme de son glaive tournoyant (4ème panneau).
L'originalité de ce vitrail de 3 mètres au carré tient à la volonté des initiateurs de n'en point rester à ce constat d'échec. En plaçant au coeur de la composition un Christ en Croix, deux fois plus haut que chacun des panneaux précédents, les concepteurs mirent en évidence la réponse d'Amour faite par Dieu à la condition tragique de l'homme pécheur. De l'orgueilleuse désobéissance d'Adam conduisant à la mort surgit l'humble obéissance du Christ menant à la vie (Rm 5, 12- 21; 1 Cor 15, 21 - 27). De sorte qu'au vieil homme succède l'homme neuf (Col 3, 9). Et à l'opposé d'Eve au pied de l'arbre défendu se tient Marie, la nouvelle Eve, au pied de la Croix salvatrice (on peut y voir aussi Marie-Madeleine, la pécheresse convertie).
Bien que l'art du maître verrier soit inégal, Marie Forest, veuve de Odart Colbert, mérite la reconnaissance de ceux qui, depuis 1600, méditent ici le mystère de la Rédemption en accueillant, par la Foi, le don de Dieu qu'est le Salut. |