Le martyre de Ste Jule et le pèlerinage qui s’ensuivit furent— ils à l’origine des hameaux qui se formèrent au Moyen—Age en cette plaine de Troyes ? Quoi qu’il en soit, ces lieux—dits se rassemblèrent sous le patronage de St Martin, l’évangélisateur des campagnes. Ainsi apparut cette paroisse rurale avant le XIIème siècle. Les vignerons et jardiniers qui la peuplaient, disposaient d’un vaste domaine certes, mais la qualité de ses terres n’était pas toujours des meilleures. Si le vignoble constitua le fleuron de leurs activités, davantage que les prés (d’où “Preize”), plus ingrats étaient les marais (“Marots”) et les friches (“La Charme”). L’ensemble de ces exploitations ne généra jamais qu’une certaine pauvreté (et freina la progression démographique. En conséquence, l’église se paroissiale des origines ne pouvait être que modeste. Sans doute construite en bois et torchis, elle ne fut dotée d’un choeur en pierre qu’après la Guerre de Cent ans probablement.
Accompagnant la vie paroissiale, plusieurs communautés religieuses choisirent la solitude de ce site proche de la ville épiscopale. Qu’il s’agisse d’ordres monastiques, hospitaliers ou éducatifs, ils ne cessèrent de s’y succéder depuis le XIIIème s. (Cordeliers et Trinitaires). Certains y demeurèrent plusieurs siècles (Antonins), d’autres moins (Ursulines). Et plus près de nous, seules subsistent les Augustines après le départ des Filles de la Charité, des Soeurs de la Providence et des Petites soeurs de l’Assomption.
Les ravages matériels résultant des Guerres de religion modifièrent profondément la vie paroissiale. La construction d’une nouvelle église, que s’imposèrent les 400 habitants, après la démo de l’ancienne, devint une gageure. Leur courage décida pourtant d’un chantier audacieux, ouvert sans délai. Durant les premières décennies la progression des travaux fut étonnamment rapide. Puis sévit l’appauvrissement des ressources provo quant des ralentissements et des suspensions de chantier. Mais jamais la décoration onéreuse de l’édifice ne fut pour autant négligée. Les vitraux en constituent le meilleur exemple. Des plus modestes laboureurs, vignerons, aulneurs et drapiers aux seigneurs de Pouilly ainsi qu’aux grandes familles troyennes, tous unirent leurs généreux efforts pour léguer à la postérité un ensemble artistique aussi varié que somptueux.
Après les exactions révolutionnaires, les courants d’idées destructeurs et le dangereux attentisme de notre temps, l’héritage culturel qui nous revient, quoique très appauvri, mérite considération à la lumière de son histoire.
C’est pourquoi fut établie la chronologie suivante. On y lit les noms de quelques modestes habitants ou de divers responsables, ceux de communautés aux charismes variés ; sont signalés aussi des monuments et objets d’art, ainsi que certaines initiatives qui enrichissent la vie individuelle et sociale. De sorte que s’impose à notre esprit la qualité d’un petit peuple, admirable d’enthousiasme et de foi.
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