Au printemps 2002 fut organisée à Paris une exposition ayant pour thème « Un temps d’exubérance : les arts décoratifs sous Louis XIII et Anne d’Autriche ». En pleine page du catalogue figurait « Le mariage d’Anne et Joachim » extrait du vitrail 10* de notre église.

L’histoire contée ici se trouve dans le Protévangile de Jacques (1Ième s.), texte non canonique certes, mais ayant inspiré durablement les artistes. C’est ainsi qu’en 1623 le troyen Linard Gonthier, maître verrier, utilisa les gravures de Dürer ( la vie de la Vierge », 1505) pour réaliser la plus belle et la mieux conservée des verrières de St-Martin. Elle se lit de bas en haut et de gauche à droite.

Dans la Nativité de Ste Anne (1) la grand-mère de Marie repose sur un lit tandis que deux sages-femmes préparent le bain de l’enfant. Sous le panneau du Mariage d’Anne et Joachim (2), parents de Marie selon la légende, sont encore lisibles les noms des donateurs : Odard Marot et Martine verrier L’offrande que font Anne et Joachim est refusée par le grand prêtre en raison de leur stérilité; ils sont donc chassés du Temple (3).

Comblé de tristesse, Joachim au désert (4) jeûne 40 jours, au milieu des bergers, jusqu’à l’apparition de l’archange Gabriel lui annonçant la prochaine maternité d’Anne. De retour à Jérusalem, Joachim rencontre Anne à la Porte dorée (5) et l’embrasse dans la joie d’un père comblé. Quelques années plus tard a lieu la Présentation de Marie au Temple (6), non pour satisfaire la Loi concernant les premiers-nés des fils, mais en acte d’oblation (voir aussi 15*). La Loi est une voix mais aussi une voie qui mène au Créateur: « Tu choisiras la vie pour que tu vives, toi et ta descendance, en aimant le Seigneur ton Dieu, en écoutant sa voix et en t’attachant à Lui » (Dt 30,19-20).

La scène du tympan mérite une particulière attention puisqu’elle quitte la légende pour entrer dans l’Evangile. Là, par deux fois, il y est question de La famille de Jésus bien connue des Nazaréens (Mt 13,55-56). C’est elle qui est représentée à droite et qu’observe Ste Anne à l’invitation de l’ange (à gauche). A ce propos le Seigneur nous dit: « Quiconque fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, c’est lui mon frère, ma soeur, ma mère » (Mt 12,50). C’est ce qu’enseignait déjà Sainte Anne à sa fille Marie comme en témoignent d’autres vitraux (1*, 25*) et la toile achevant la décoration de la chapelle Ste Anne.