Dès les premiers temps
de l'Église était apparue une littérature
qu'on appelle apocryphe, monde étrange, mélange
de vérités et de délires, où tout
n'est pas inacceptable, mais dont l'Église eut la sagesse
de se méfier. Ainsi furent tenus à l'écart
des écrits pleins de ferveur, tombant dans le naïf,
avides de connaître le plus possible de détails
sur Jésus surtout, sans savoir éviter toujours
des déviations doctrinales volontaires ou pas. Sur
la base de ces écrits, vers 1270, le bon dominicain
Jacques de Voragine (U1298), archevêque de Gênes,
utilise ses loisirs à compiler les chapitres de sa
Légende dorée ; le souci d'examiner ses sources
avec esprit critique est fort loin de lui a. Le nouveau Testament
et la vie des saints y sont traités dans le but de
compléter les éléments historiques certains
et d'édifier jusqu'à l'émerveillement.
Ce que les arts plastiques ont mêlé aux sources
scripturales n'altèrent nullement l'orthodoxie doctrinale
: l'âne et le buf de la Nativité, les
couronnes royales des Mages, l'histoire de Sainte Anne en
sont quelques exemples révélateurs. Le burin
d'Albrecht Durer (U1528) a gravé certaines scènes
de la Légende dorée. Et nos maîtres-verriers
l'ont imité sans dissimulation. A Saint Martin la
principale verrière issue de ces influences est La
vie de Sainte Anne (10) b.
Outre les vies de Jean-Baptiste, Joseph et Marie, des apôtres
Pierre (20) et Jacques (24), bien des saints sont proposés
à notre vénération, dans le même
esprit, à commencer par Saint Martin de Tours dont
la charité à la porte d'Amiens est incontestée
(7, 14, 25, 27). Saint Sébastien (13), Saint Nicolas
(8, 15, 25) sont aussi représentés parce que
bénéficiant d'une grande popularité.
Martyre de l'Église de Troyes, Sainte Jule (5, 25)
mérite une admiration sans réserve suite aux
études critiques les plus récentes. Notons
enfin que La légende de la Croix (8) constitue un
bon sujet de méditation. C'est l'exemple type de
rapprochements historiquement invraisemblables mais symboliquement
précieux.
"La contemplation des images, unie à la méditation
de la Parole de Dieu et au chant des hymnes liturgiques,
entre dans l'harmonie des signes de la célébration
pour que le mystère célébré
s'imprime dans la mémoire du cur et s'exprime
ensuite dans la vie nouvelle des fidèles."
(Catéchisme de l'Église catholique,
n° 1162)
a : cf. Daniel-Rops : Histoire de l'église.
b : numérotation des verrières
figurant sur le plan mis à la disposition des visiteurs
à l'entrée de l'église. Ce vitrail
sera déposé quelques temps pour une exposition
parisienne.
|